L’atelier de photographie a été mis sur pied, à la demande de la prison, au mois d’août 1999. N’ayant pas reçu de consignes particulières quant au contenu de l’action à mener à travers l’atelier, je l’ai modélisé comme un outil de préparation au retour à la vie libre à l’occasion d’un transfert en semi-liberté (travail en journée et détention la nuit) ou d’une libération conditionnelle. J’ai choisi la photographie parce que c’est une pratique accessible et familière. Faire de la photographie engage aussi la détenue dans une dynamique d’appréhension de l’espace et du temps bien différente de ce qu’elle vit derrière les barreaux. Enfin, réaliser des images exige de la rigueur, de l’attention et de la créativité.

En l’espace de deux ans, cinq participantes ont réalisé des projets photographiques. Les détenues d’origine colombienne, brésilienne, albanaise et polonaise ont été au bénéfice de sorties accompagnées ou non, afin de travailler un thème qu’elles avaient choisi. Chaque participante a développé ses films et photos dans un laboratoire aménagé au sein de la prison et animé par une étudiante en photographie. Certaines détenues ont opté pour un thème général tel que les châteaux ou les écoliers d’un centre de loisirs. D’autres ont saisi l’opportunité d’aborder un sujet lié à une préoccupation plus personnelle comme la toxicomanie ou encore la différence culturelle. Généralement, les images ont été présentées sous la forme d’une exposition qui a d’abord été visible au sein de l’établissement carcéral, puis à l’extérieur.